Retour sur une belle aventure humaine
Acquise en 2011 par Patrimoine des Pays de l'Ain, la Grosse Grange d'Ozan menaçait alors ruine. Fidèle à ses habitudes, Patrimoine des Pays de l'Ain a su faire de ce chantier un lieu d'échanges, de partage et de transmission entre bénévoles, professionnels spécialisés de la restauration patrimoniale et jeunes en insertion professionnelle. Une aventure qui s'est terminée fin 2019 par la vente de la grange.
Souscription avec la Fondation du Patrimoine
Une souscription a été initiée avec la Fondation du Patrimoine et nous a permis de récolter, grâce à votre soutien, la somme de plus de 13 000 €.
En 2015, l'association Patrimoine des Pays de l'Ain a été lauréate du concours régional "au fil du patrimoine" organisé conjointement par la Fondation du Patrimoine et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
La remise du diplome et du chèque se sont déroulés le 25 mars 2016 lors de l'Assemblée générale de Patrimoine des Pays de l'Ain.
Pour en savoir plus sur la Grosse Grange
Voir l'article de présentation
Dossier de présentation de la Grosse Grange à Ozan
La propriété est située à la sortie nord de la commune d'Ozan en bordure de la RD 933 menant à Pont-de-Vaux.
La propriété comprend 6 bâtiments (habitation, 2 écuries, grange, four, porcherie) sur un tènement de plus de 4 500 m².
Les 11 propriétaires, en indivis, ont décidé de vendre l'ensemble des bâtiments à PPA, de crainte de voir ce site acheté par un promoteur dont le seul objectif serait de le raser. En effet, ce site est idéalement placé dans le centre du village. Les propriétaires sont surtout très sensibles à l'action de sauvegarde du patrimoinemenée par PPA. Leur souhait est de voir cet ensemble agricole devenir un lieu accessible à tous les habitants d'Ozan et des environs.
La disposition du bâti en carré est typique des fermes du Val de Saône. La particularité du site vient de la grange en pans de bois (XVIème ou XVIIème siècle), laquelle à donner son nom (La Grosse Grange) à cette partie du territoire d'Ozan. La Grosse Grange est l'un des bâtiments en pans de bois les plus imposants de la Bresse.
Etat des bâtiments
La partie nord du bâtiment de grange est en très mauvais état. Certaines fermes demandent à être complètement changées. Les murs sont également en mauvais état et leur reprise demande le démontage complet des murs depuis le soubassement jusqu'à la base de la toiture.
La partie sud de la grange est saine. La toiture a été suivie régulièrement, les murs sont en assez bon état. Seule une reprise des panons entre les pans de bois est nécessaire.
L'objectif est de mettre un maximum de moyens pour restaurer cette grange et lui permettre de retrouver son cachet d'antan. Il importe aussi de restaurer cette grange en prenant en compte l'avenir du site.
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Les trois bâtiments annexes fermant la cour nécessitent aussi une restauration complète des toitures. La mousse a envahi toutes les couvertures et a du endommager fortement les tuiles. Les murs semblent a priori bons. On remarque une homogénéité dans la construction des deux bâtiments perpendiculaires. Tout deux ont été bâtis en pierre, comme le bâtiment d'habitation.
Deux autres bâtiments méritent aussi une restauration complète : four et porcherie. Ces deux édifices font partie de ce vaste ensemble agricole. Les toitures de ces deux bâtiments ont été restaurées pendant l'été 2012.
Histoire du lieu
Une ancienne grange seigneuriale ?
Depuis la Grosse Grange, il est possible d'accéder directement par une route, ancien chemin, au Port Celet situé à l'embouchure du bief de la Jutane. Le long de cet axe existait une voie romaine partant de ce port en direction de la Bresse. De nombreuses découvertes (poteries, tuiles, ossements, médailles, tête en bronze) attestent de la présence gallo-romaine aux abords du Port Celet. D'après Arcelin, cette voie romaine tend d'Autun à Ambérieu.
Dès les Xèmeet XIèmesiècles, le nom d'Ozan apparaît dans les Chartes de Cluny. Ces terres étaient en grande partie détenues par la maison de Bâgé, l'abbaye de Cluny et les églises Saint-Pierre et Saint-Vincent de Mâcon.
Cette appellation de « Grosse Grange » est visible sur le cadastre napoléonien avec l'ensemble des bâtiments aujourd'hui en place. La grange est à l'origine un bâtiment servant à abriter les gerbes, puis au Moyen-âge, elle désigne une exploitation agricole. L'adjectif « grosse » marque l'importance d'un tel bâtiment agricole.
Au Moyen-âge, le territoire est maillé de lieux d'exploitation dépendant de seigneuries laïques ou ecclésiastiques. Cette grange semble être idéalement placée au niveau d'un axe de passage Nord-sud et Est-Ouest, à environ 2 km du Port Celet. Cette grange, située de surcroit en zone non inondable, peut ainsi être une base arrière, lieu de stockage, avant son transport par voie terrestre ou fluviale. Deux moulins basés sur le bief de la Jutane sont installés à proximité de la Grosse Grange.
L'apport de la dendrochronologie
Contrairement à une majorité d'édifices en pans de bois ayant connu plusieurs campagnes de construction, ce bâtiment présente une grande homogénéité dans son architecture.
Une étude dendrochronologiquemenée courant octobre 2012 a montré que cette grange a connu deux phases importantes de construction. La partie sud, la plus homogène et la mieux conservée, a été édifiée en 1375-76 avec une reconstruction partielle en 1525. Elle formait un ensemble bâti d'une vingtaine de mètres de long avec une toiture à quatre pans.
La partie nord étant en mauvais état, les prélèvements de bonne qualité ont été plus difficiles à trouver. Plusieurs époques de construction semblent se succéder partant du XVIèmesiècle au XIXème avec des travaux de restauration menés au XVIIIème. Le portail XVIème permet de relier les deux parties nord et sud.
Malgré ces deux phases, la grange a une homogénéité de construction du XIVèmesiècle indéniable ce qui en fait un élément agricole remarquable du patrimoine départemental.
L'une des plus anciennes granges en pans de bois en Bresse... ou en France ?
Contrairement à une majorité d'édifices en pans de bois ayant connu plusieurs campagnes de construction, ce bâtiment présente une grande homogénéité dans son architecture.
La partie sud de la grange est la plus saine. Les pièces de bois utilisées pour sa conception sont d'une section assez peu commune, ce qui a permis sa persistance dans le temps. La toiture a été suivie régulièrement, les murs sont en assez bon état. Seule une reprise des panons entre les pans de bois est nécessaire.
La partie nord du bâtiment de grange est en très mauvais état. Certaines fermes demandent à être complètement changées. Les murs sont également en mauvais état et leur reprise demande un travail important d'étaiement pour restaurer l'ensemble des murs depuis le soubassement jusqu'à la base de la toiture sans entrainer de préjudices sur le bâti. Sans un étaiement complet de cette partie réalisé il y a plusieurs décennies, l'édifice aurait aujourd'hui disparu.
En l'état actuel des études de dendrochronologie menées dans l'Ain, seule la poutraison de la cheminée sarrasine du moulin Ronfat à Vescours est de la même période (1375). Aucun autre bâtiment agricole construit en pans de bois dans l'Ain n'est antérieur à la fin du XIVème. Contrairement à Vescours où seule la poutre de la cheminée sarrasine a été datée de 1375, ici, à la Grosse Grange, toute l'ossature des murs côté sud montre cette homogénéité propre à la fin du XIVèmesiècle. A une échelle nationale, plusieurs granges allant du XIIème au XIVèmesiècle sont encore en très bon étant de conservation. Là aussi, la dendrochronologie a permis une datation absolue de ces édifices. Mais la totalité d'entre eux offre une architecture en pierre nettement plus résistante que le colombage. A l'heure actuelle, nous n'avons pas encore trouvé de grange en pans de bois dont l'ossature est antérieure au XIVèmesiècle. Cela montre bien l'importance historique et architecturale de la Grosse Grange à Ozan.
Ce joyau de l'architecture bressane doit conserver une majorité d'éléments anciens et servir de modèles pour la restauration du patrimoine en pans de bois dans l'Ain.
Voir la vidéo sur la Grosse Grange d' Ozan : Construire en bois ? Une histoire d'avenir
Chantier de restauration
A l'automne 2011, un chantier de réinsertion de 5 jours a eu lieu sur le site en partenariat avec l'association Tremplin. Une dizaine de personnes des environs de Pont-de-Vaux ont pu participer au déblaiement de deux bâtiments. L'opération pourra être reconduite ultérieurement.
Plusieurs bâtiments (four, porcherie, poulailler) n'ont été confiés à l'entreprise en charge du chantier mais laissés pour permettre à des chantiers-école de pouvoir y entreprendre des ateliers maçonnerie, charpenterie et couverture.
L'engagement associatif mené par Patrimoine des Pays de l'Ain doit se faire en lien avec la collectivité et les habitants et permettre à terme l'utilisation de ce site pour le bien de tous. Sur ses anciens chantiers, l'Union a toujours revendu à des particuliers, lesquels ont pris soin du devenir du site. Cette fois, l'Union aimerait que ce site devienne propriété publique.
De mars à juin, l'entreprise Nuguet, de Frans, a restauré la toiture de la maison d'habitation et de la partie sud de la grange.
En juin et septembre, durant 3 semaines, un chantier de jeunes, encadrés par des animateurs issus de l'EPIDE (Etablissement public d'insertion de la Défense), ont nettoyé l'ensemble du site, remis en état de l'escalier extérieur de la maison d'habitation et rejointoyé la soue à cochons et une partie des soubassements de la Grosse grange.
Le partenariat est renouvelé en 2015, cette fois-ci pour terminer les travaux sur le soubassement de la grosse grange : nettoyage des joints et reprise des parties qui s'effondrent.
Travaux réalisés en 2015
C'est la partie nord de la Grosse Grange la plus endommagée qui a été sauvée ! La majeure partie des travaux a été réalisée entre août et novembre et quelques travaux de finition ont eu lieu au cours de l'année 2016.