Inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 18 février 1987, le manoir de La Charme à Montrevel-en-Bresse est un bel édifice à deux étages, bâti en pans de bois, que la dendrochronologie nous dit dater précisément de 1497. Exemple représentatif de toute une famille d'édifices de terre et de bois menacée de disparition par sa seule fragilité et méconnue à cause de sa dispersion, il constitue incontestablement, avec les fermes à cheminée sarrasine, l'habitat le plus original de la Bresse, et à ce titre fait partie intégrante du patrimoine national irremplaçable. |
Les "maisons hautes-et-basses" de Bresse
Les simples exploitations agricoles et les demeures seigneuriales ont souvent été confondues dans une même famille. Souvent abandonnées ou transformées en habitation paysanne, il n'existe plus aujourd'hui une seule de ces "maisons hautes-et-basses", ou manoir de Bresse, qui soit encore habité conformément à ses dispositions d'origine, d'où la difficulté à les repérer ! Seule une quinzaine d'exemplaires demeurent aujourd'hui...
En l'absence de documents d'archives, on les disait dater peut-être du XVIe siècle, mais très certainement d'avant l'annexion de la Bresse à la couronne de France en 1601 qui fut l'occasion de la disparition d'une multitude de petits seigneurs. Une réponse a été apportée par la dendrochronologie, méthode de datation des bois de construction, qui a daté le manoir de La Charme précisément de 1497.
Orienté selon un axe nord-sud, le manoir de Bresse se présente toujours comme un édifice rectangulaire peu allongé comportant un rez-de-chaussée, surmonté d'un étage noble, lui même recouvert d'une toiture en pavillon, généralement à faible pente, dont les débords importants abritent les quatre côtés du bâtiment. Alors que la ferme se caractérise par une occupation exclusive au rez-de-chaussée, l'étage sous le comble étant réservé aux greniers, l'étage du manoir, lui, comporte des pièces d'habitation d'une bonne hauteur.
De l'acquisition à la restauration ...
Le manoir de la Charme, cette ancienne demeure seigneuriale, était malheureusement défiguré par l'adjonction de bâtiments d'exploitation sans intérêt, adossés à trois de ses façades.
Par ailleurs, totalement désaffecté, l'édifice apparaissait en grand péril. En effet, la structure en pans de bois avait disparu en façade Sud, la façade Est était déversée, la couverture en très mauvais état général et divers désordres en fondation étaient visibles sur la périphérie de l'édifice. La structure de ses planchers était également très altérée et le bâtiment n'était ni hors d'eau, ni hors d'air, ni stable.
Dès la signature du compromis de vente, Patrimoine des Pays de l'Ain entreprend la reprise provisoire de la couverture avant l'hiver. Une étude préalable, outil indispensable à la restauration, est commandée à l'Architecte en chef des Monuments Historiques. L'année 1993 est consacrée à la recherche du financement : la restauration du manoir a bénéficié d'importantes subventions du Conseil Général et de l'Etat, ainsi que de la participation de Patrimoine des Pays de l'Ain sur ses fonds propres.
La première tranche du chantier réalisé avec les jeunes en stage d'insertion à la Sauvegarde de l'Enfance peut enfin débuter en mai 1994 sous la conduite d'un charpentier, compagnon du devoir, et d'un maçon. Les couvertures des bâtiments à démolir -maison en pisé au nord, appentis au sud et à l'est - sont alors déposées avec soin, les matériaux triés pour réemploi et stockés. Des mesures préventives d'étaiements, et mise hors d'eau par bâchage sont prises. Le débord de charpente est entièrement reconstitué au nord, un chevêtre construit au-dessus de la souche de la cheminée au sud, les chevrons pourris remplacés. Enfin la repose des tuiles creuses peut s'effectuer.
La démolition complète des bâtiments appendices a aujourd'hui redonné au manoir son allure et ses proportions originelles. La deuxième tranche de travaux a permis de consolider et assainir l'édifice par la restitution des pans de bois disparus et de leur remplissage briques, les reprises des sablières basses, la réfection du plancher d'étage et de l'escalier intérieur, le drainage périphérique.
L'objectif prioritaire de Patrimoine des Pays de l'Ain a été atteint : il s'agissait de sauver ce monument typique pour rendre vivante la mémoire et garder un précieux témoignage des techniques de construction anciennes. Vendu à un propriétaire privé, celui-ci a assuré la restauration intérieure, la conservation et l'animation de cet édifice original.