La maison forte du Chanay à Dommartin

 

 

Cette maison forte du XVIème siècle subsiste sur une ancienne motte féodale fossoyée.


Bâtiment rectangulaire en briques à deux niveaux, sa toiture fortement pentue est inhabituelle dans cette partie de la Bresse.

Après des travaux de toiture et la remise en état de l'escalier extérieur, le bâtiment est revendu.

 

Situation

La maison forte du Chanay est située sur la commune de Dommartin (canton de Bâgé-le-Châtel) au nord ouest du département de l'Ain. Le paysage vallonné est caractéristique du bocage bressan.

 

Histoire

Le fief du Chanay remonte au début du XIVème siècle. On sait que le premier seigneur en fut Hugues de Feillens, de la branche des Feillens-Chabeu, qui vivait en 1320. Ce fief resta la propriété de la famille de Feillens (branche cadette) jusqu'en novembre 1556, date à laquelle, faute d'héritier, Il fut revendu à Octavien Cochet, bourgeois de Bâgé.

Il fut acquis peu de temps après en 1592 par Philiberte Mareschal, veuve de Philibert du Clos, contrôleur général de Savoie, Bresse et Bugey. En 1650, leur fils François du Clos porte le titre de seigneur du Chanay. Il est grand prévôt de Bresse, Bugey, Valromey et Gex.

En 1789, il était la propriété de Monsieur de Voguë.

Les seigneurs du Chanay ont marqué l'histoire de Dommartin. Ils étaient collateurs d'une chapelle à l'église. A titre anecdotique, François du Clos, mentionné ci-dessus, avait fait don par disposition testamentaire datée du 6 novembre 1662, d'un de ses domaines, afin que les revenus de celui-ci servent à doter une fille pauvre de la paroisse.

 

Le site

Dans un environnement bocager typiquement bressan, la maison forte subsiste sur une ancienne motte féodale entourée sur toute sa périphérie d'un fossé en eau. Cette motte à peu près circulaire mesure 35 mètres de diamètre. On peut admettre qu'elle a été édifiée, comme toutes ses semblables que l'on appelle "poypes" dans la région, au Haut Moyen-Age.

La maison forte, difficile à dater (XVlème ou XVllème siècle), est postérieure. Elle a sans doute remplacé un édifice plus ancien. Il ne fait guère de doute qu'on franchissait le fossé par un pont, peut-être un pont levis dont il ne reste pas de vestige. A une époque indéterminée, le fossé a été remblayé sur quelques mètres pour permettre l'accès à la maison.

 

La maison

Elle se présente sous la forme d'un bâtiment rectangulaire en briques cuites, à deux niveaux d'habitation. Sa haute toiture à deux pans et à forte pente est inhabituelle en Bresse. On accède au niveau supérieur par un escalier extérieur en bois, abrité par une toiture qui s'avance perpendiculairement à l'extrémité du corps principal et qui contribue à donner à l'ensemble un cachet tout à fait original.

Les briques rappellent celles qui ont été utilisées pour édifier les remparts et l'église de Bâgé-le-Châtel. La couverture est en tuiles plates grises.

Le rez-de-chaussée est compartimenté par des cloisons. Il conserve deux cheminées dont l'une est ancienne, probablement du XVllème siècle. A l'étage, la pièce unique laisse la charpente apparente.

Par ses dimensions modestes, sa construction dénuée de souci artistique, son confort rudimentaire, cette maison illustre parfaitement les modestes conditions d'habitat de la petite noblesse de l'Ancien Régime, mais en même temps, par sa hauteur, elle est la marque symbolique de la domination de ses possesseurs sur la campagne alentour.

 

Dans les années 1980

Habitée jusqu'aux environs de la dernière guerre, elle a ensuite servi de bâtiment agricole annexe pour la ferme voisine.

En 1975, la chute d'un arbre a gravement endommagé sa toiture. Une brèche s'est ouverte dans celle-ci, et la maison laissée en l'état semblait vouée à une disparition inéluctable.

En 1984, l'association locale "Les amis du site, culture et loisirs" a envisagé son achat pour assurer sa sauvegarde, mais a dû finalement renoncer, faute de moyens financiers suffisants.

En 1988, la réalisation du "Pré-inventaire des richesses touristiques et archéologiques du canton de Bâgé", opération coordonnée au niveau départemental par Patrimoine des Pays de l'Ain, a été l'occasion d'attirer à nouveau l'attention sur cet édifice. Devant l'urgente nécessité d'intervenir, l'Union départementale Patrimoine des Pays de l'Ain a décidé d'en faire l'acquisition en décembre 1989 avec le soutien de l'ensemble des associations adhérentes.

Restauration de la toitureRestauration de la toiture 

Le sauvetage de l'édifice

L'objectif premier du chantier était de réaliser le gros oeuvre pour permettre la mise hors d'eau de l'édifice.

Le chantier a été mené sous le contrôle de l'Architecte des Bâtiments de France avec la main d'œuvre fournie par les jeunes de "l'Association pour la Sauvegarde de l'Enfance", réalisant ainsi un double objectif : restauration d'un édifice en péril et oeuvre sociale par l'emploi de jeunes en difficulté sur un chantier valorisant.

A l'achèvement du chantier, Patrimoine des Pays de l'Ain considéra sa mission comme remplie et revendit l'ensemble à un particulier en 1992.